Retour à l'Antre du Mal

Au bout d’une semaine et demi, elle était totalement remise de sa blessure. Elle avait récupérée toute sa force et son énergie en un temps record, si bien qu’elle avait eu du mal à limiter ses mouvements. La mince cicatrice qui barrait son dos faisait désormais partie d’elle. Elle approfondissait ses connaissances théoriques de diverses matières en dévorant les livres qu’avait apporté son sauveur, dont elle ne connaissait toujours pas le nom. Elle avait commencé par la langue, apprenant à utiliser parfaitement les divers accents que l’on pouvait rencontrer le pays, afin de passer inaperçue au milieu de la population locale. Ingurgitant les connaissances avec une facilité étonnante, elle s’attaqua ensuite aux noms des plantes et à leurs effets, aux arbres, aux êtres vivants, à tout ce qui constituait la nature, la façon de tirer profit au mieux de son environnement pour survivre dans un environnement hostile. Ce fut ensuite le tour des sciences du combat. Avec une passion sans limite, elle apprenait des techniques incroyables et s’efforçait de les mettre en application, mais c’était dur. Surtout que les créatures vivant dans le coin étaient tous juste bonnes à servir de gibier à ses chasses matinales. Elle reproduisait donc au mieux les positions qu’elle voyait, mais manquait cruellement d’adversaires valables. Bien sûr, il y avait le « maître », tel qu’elle l’appelait. Elle ne lui adressait jamais la paroles alors connaître son nom ne faisait pas vraiment partie de ses priorités. De toute façon, il était bien trop puissant pour qu’elle se mesure à lui. En moins d’une seconde elle mordrait la poussière, sans avoir pu esquisser ne serait-ce qu’un mouvement. Elle ravalait alors son impatience et se vengeait, l’esprit saturé de procédés pour la plupart peu scrupuleux, sur un des livres d’histoire du pays. Son récit commençait 857 ans plus tôt, période où était née cette troisième ère, suite d’un monde ravagé par des guerres sanglantes.

Elle apprit également quelques petites choses qui semblaient pouvoir lui être utiles. Apparemment, à l’époque de la guerre des Loups de Sang et avant se battaient des guerriers. Elle avaient retrouvé, en grattant un peu dans le passé, quelques traces de documents parlant de mystérieux pouvoirs magiques. Bah tiens ! pensa-t-elle, manquerait plus que la magie vienne s’en mêler ! Elle pensa mais inconsciemment, ces guerriers étranges l’intéressaient…

La magie qui était évoquée l’emplissait également de curiosité, si bien qu’elle finit son dernier livre en une journée, cherchant des traces de ces prétendus dons. C’est aini que sans le vouloir, et sans s’en rendre compte, elle dévora le manuel en une journée. Etant le dernier à sa disposition, elle était désormais prête à entraîner son corps, son esprit étant plein d’idées se battant entre elles pour être mises en application les premières. Elle se demanda où est-ce qu’elle pourrait trouver des adversaires à sa mesure, plus forts que les hommes de bonne volonté mais il valait mieux tout de même beaucoup moins que son maître. Utiliser cette appellation pour le nommer était venue de façon naturelle, après tout, c’était bien lui qui avait ramené ce foutu tas de livre. Et ils devaient être pour elle puisque non seulement il ne les ouvrait jamais mais qu’en plus il ne l’avait pas empêchée de se les approprier. Peut-être devrait-elle maintenant se renseigner, voir si des personnes répondant à cette description se trouvaient dans les parages. A moins qu’elle put participer à quelque tournoi. Après tout, peut-être que l’Homme-à-la-cape déciderait-il sans raison de se mettre à lui taper dessus pour l’aider à développer ses capacités physique. Elle pensait que la nuit tombée depuis déjà quelques heures l’aiderait à réfléchir, mais c’était trop demandé. Les questions qui lui venaient à l’esprit étaient tellement nombreuses…

Trouverait-elle des passionnés de combat comme elle ? Entendrait-elle parler de cette étrange bête du temple qui l’avait attaquée quelque part ? Même les livres qu’elle avait étudiés n’en parlait pas. Elle pouvait bien le demander à son maître mais il ne répondrai pas de toute manière. Et ces mystérieux guerriers que l’on disait disparus, anéantis même, en resterait-il ne serait-ce qu’un qu’elle pourrait rencontrer un jour ? Existait-il des êtres aussi forts que l’Homme-à-la-cape ? Elle s’ennuyait ici, maintenant qu’elle avait fait tout ce qu’il était possible de faire. Peut-être pourrait-elle trouver des compagnons de jeu intéressants qui sait ?

[Gilga!!!! ça stagne quand t'es pas là!!! je sais même pas comment réagirait ton perso...]

Malheureusement pour elle, qui pensait que la nuit l’aiderait à oublier ces questions, elle ne réussit pas à s’endormir. Les questions qui lui trottaient dans la tête étaient une obsession. Et cette voix, cette maudite voix qui continuait à l’appeler vers l’ouest. N’y tenant plus, elle prépara les quelques affaires qu’il lui restait depuis sa blessure. Son sac et son contenu avaient été littéralement pulvérisées par la créature du temple. Elle s’était débarrassé de tout ce qui était devenu inutilisable. Les seules choses qu’elle avait conservées : sa pochette de soie bicolore, qu’elle emportait partout avec elle, et sa dague. Elle ne pouvait, pour une raison qu’elle ne comprenait pas, quitter les restes de son sabre. Elle savait qu’il faudrait les jeter un jour où l’autre mais pas maintenant, c’était trop tôt, encore beaucoup trop tôt. Une fois prête, elle se servit d’une plume de faucon et d’une bouteille d’encre, posées sur un rebord de fenêtre, et laissa un mot à l’Homme-à-la-cape, l’informant de son départ vers Norac. Depuis qu’elle avait entendu la réputation que l’on faisait à la ville, ne serait-ce que pour ses fameuses tavernes, elle n’aspirait qu’à aller y faire un tour. Elle avait également eu vent d’une certaine caserne où allaient s’entraîner tous ceux qui le souhaitaient, et que depuis quelques temps, elle était très utilisée. Voilà un endroit idéal pour s’amuser. Des combattants qui viennent de partout, des armes originaires de différentes régions : c’était exactement ce qu’il lui fallait pour mettre ses techniques en application.

Se réjouissant d’avance, elle sortit de la vieille bicoque de bois. En voyant les nouveaux cadavres qui jonchaient le sol, elle ne put s’empêcher de pousser un grognement. Ils étaient assez frais pour ne pas avoir plus de quelques heures et n’étaient que trois, les sept autres ne devaient pas être loin s’ils étaient encore en vie. Ces maudites capes noires étaient vraiment très envahissantes et attaquaient toujours par groupe de dix. C’était la troisième fois cette semaine. Elle traîna les corps dans les bois et les laissa à une centaine de mètres de la demeure. Les charognards se chargeraient très bien du nettoyage. Alors qu’elle se relevait, une branche morte craqua sur le sol. Elle se trouva encerclée, comme elle s’y attendait. Décidément, ils étaient beaucoup trop prévisibles à son goût. Et cette fois ne serait pas comme la première : elle ne leur laisserait aucune chance. Elle les laissa approcher à quelques mètres à peine d’elle. Puis, vive comme l’éclair, sa dague aux reflets bleus à la main, elle se mit à danser. Une danse envoûtante, passionnante, captivante. Une danse qui semait la mort. Volant au dessus de ces ennemis, elle trancha la tête du premier, l’envoyant joyeusement dans les airs, découpa le tronc du second en plusieurs morceaux, et arracha le cœur d’un troisième. Admirant son œuvre, elle se tourna vivement vers les quatre autres. La seconde qui suivit vit quatre étoiles s’éteindre les unes après les autres, noyées dans leur sang. Et délestées de leurs bourses menues. Elle était contente d’elle. Sans aucun mal, elle arrivait désormais à éliminer à elle toute seule presque un groupe entier. Il faudrait bientôt qu’elle trouve des adversaires un peu plus coriaces.

Au premier village qu’elle croisa, une halte s’imposa. Elle s’équipa d’une petite sacoche de cuir d’akadi, d’un coffret en bois de chêne blanc à l’intérieur divisé en nombreux compartiments sous forme de minuscules tiroirs, d’une flûte de pan et d’une harpe de qualité, dénichée dans un magasin dédié aux musiciens et aux ménestrels. C’est sous ce dernier titre qu’elle souhaitait voyager. Seule dans la forêt, elle n’aurait aucune difficulté à s’habituer à en jouer. Par la même occasion, la petite gourde qu’elle s’était procurée lui était d’une grande utilité. Mais elle n’avait toujours pas trouvé de sabre digne de ce nom. Comme de vulgaires morceaux de métal, ils étaient affreusement vides, ne dégageaient rien. Plus tard, elle ferait halte au temple, quand le soleil serait au plus haut, et reconstituerait ses réserves de plantes. Elle ne s’y attarderait pas et rejoindrait ensuite la capitale de la région où elle prendrait un peu de bon temps, errant de ci de là, avant de relancer ses recherches. Le sourire aux lèvres, elle se remit en marche, toujours plus loin vers l’ouest. Il lui faudrait deux semaines, selon la carte, pour rallier la cité. Et pour habituer sa voix à sa fausse identité.

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